Activités en 2013
Excursion à la carrière de la Malogne
- Détails
- Création : 17 novembre 2013
- Écrit par Daniel Lefebvre
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Ce samedi 9 novembre, le GSC a eu le privilège de pouvoir visiter la carrière souterraine de la Malogne en compagnie de Thierry Mortier, collaborateur scientifique à la Faculté Polytechnique de l’Université de Mons et guide auprès de l’ASBL Malogne.
Le compte-rendu ci-dessous n’est absolument pas exhaustif de tout ce que Thierry Mortier a pu nous apprendre sur la carrière et son environnement, le bassin de Mons. J’invite d’ailleurs la quinzaine de membres du GSC qui ont participé, à nous faire part de leurs nouvelles connaissances et de leurs impressions quant à cette visite.
Nous savons maintenant que le bassin de Mons est à la confluence de plusieurs failles géologiques et s’est enfoncé sous la pression tectonique, écrasé par les terrains environnants.
La carrière de la Malogne permet de remonter dans le temps et l’on y traverse les couches géologiques datant de l’ère tertiaire puis, un peu plus bas, de l’ère secondaire. Ces couches se sont formées en milieu marin peu profond, et l’on trouve donc à divers endroits de la carrière, les fossiles de Belemnites obtusa (calamars), de coccolithes (algues), d’oursins et d’Ostrea vesicularis (huîtres).
Les couches de la Malogne, comme des autres carrières souterraines de la région, sont souvent appelées « craies phosphatées » mais, à proprement parler, ce sont plutôt des calcarénites, c’est-à-dire une association de calcaires et de sables (arena). On y trouve diverses traces de vie (bioturbation), comme ce que l’on appelle coprolithes (crottes). Le plafond des galeries est ici un « hard ground », c’est-à-dire la même craie que l’on retrouve juste en-dessous, mais qui été l’objet de la dernière phase de sédimentation à moins d’un mètre de la surface du fond marin: le hard ground a été cristallisé et durci. La présence de ce hard ground a permis d’exploiter la craie sur toute la hauteur des galeries de la Malogne jusqu’au hard ground. Dans d’autres carrières sans ce plafond dur, le sommet des galeries devaient être terminées en ogive pour assurer la stabilité.
Les mineurs qui ont exploité la craie travaillaient avec une lanterne à huile pour seul éclairage, et l’on retrouve les traces de la combustion des huiles sur les parois. Les ouvriers devaient eux-même payer les outils qu’ils employaient. Les conditions de travail étaient dures : 16 heures de travail, 6 jours par semaine. Les pierres extraites étaient acheminées vers la surface par des wagonnets « système Decauville » à clips, qui permet de poser et retirer rapidement les tronçons de voies afin de les déplacer au fur et à mesure que de nouvelles galeries étaient creusées. Le phosphate extrait de ces pierres était ensuite utilisé pour amender les champs dans la région de Mons.
Thierry Mortier nous montré une faille et les structures de Riedel associées à cette faille. Nous avons croisé de la glauconie, une argile verdâtre qui s’est formée en milieu marin et aux propriétés radioactives.
Plus loin, un lac, recouvert de calcite flottante, est présent dans le fond de la carrière. La calcarénite est une roche poreuse qui peut contenir 40% d’eau et forme un aquifère, pas nécessairement plan.
Dans cette zone, on peut voir que la salinité a varié de façon brutale à la fin du secondaire, grâce à la présence de fossiles de Pecten pulchellus (coquilles Saint-Jacques). Ces animaux opportunistes sont arrivés en profitant d’une augmentation de la salinité due à l’arrivée de la mer dans la région. Ils sont tous morts en masse à cause d’une arrivée subite d’eau douce due à un bouleversement géologique.
Thierry Mortier nous a enfin emmenés voir Emile, le mosasaure de la Malogne. On distingue encore ses côtes, ses mâchoires. Peut-être ce saurien de 1,5 mètre de long, au moment de sa mort, était-il à la poursuite d’une tortue géante dont on retrouve un bout de carapace à deux mètres de lui…? Le mystère reste entier.
En une journée, Thierry Mortier nous a parlé de sa passion et nous a fait vivre une incroyable histoire (celle de la Terre) à répétitions jamais identiques composées de vie, de mort, de sédimentation, de bouleversement, de labeur et de soleil (les roches stockant une partie de son énergie…). Thierry Mortier nous a parlé des faits scientifiques, mais chacun peut aussi rêver autour de ces histoires.