Formation "Chauves-souris en hiver" (03/12/2011)
- Détails
- Création : 30 janvier 2012
- Écrit par Daniel Lefebvre
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Les exposés ont eu lieu dès 9h30 à Châtelet dans le local du Groupe Spéléologique de Charleroi (GSC).
Introduction au milieu karstique
Olivier Stassart, de la commission Formation de l’UBS, a pris la parole en premier et nous a décrit que le milieu karstique dans lequel se forment les grottes naturelles est essentiellement calcaire avec des circulations d’eau souterraines et est en perpétuelle évolution.
Dans ces cavités, il y a de la vie, et l’on répertorie ces animaux en 3 catégories : les trogloxènes (hôtes volontaires ou accidentels tels que chauves-souris, renards...), les troglophiles (hôtes permanents ayant des prédispositions à la vie souterraine tels que Meta menardi, Oxychillus cellarius…), les troglobies (hôtes permanents dont la physiologie et la morphologie se sont totalement adaptés à la vie souterraine tels que Niphargus sp…).
Enfin, en Belgique, les cavités karstiques se situent principalement dans la bande de calcaire appelée Calestienne, qui traverse la Wallonie de part en part et fait 1 à 6 km de large, et quelques cavités particulières se sont formées dans un mélange de galets appelé poudingue.
Protection du milieu souterrain
Benoît Franchimont, de la commission Protection et Accès de l’UBS, nous a ensuite présenté la fragilité du milieu souterrain, très sensible aux modifications et dans certains cas, de façon irréversible. Parmi les ennemis du milieu souterrain, on trouve la pollution des eaux y compris les hydrocarbures et les pesticides, l’utilisation de cavités comme terrain de jeux, le vandalisme et le pillage.
La commission collabore avec tous les acteurs publics et privés pour protéger au mieux les cavités, nettoyer les grottes et leurs abords, sensibiliser tout public les visitant, installer des portes d’accès, remettre à l’état naturel d’anciennes grottes aménagées pour les touristes, mettre un balisage pour protéger les zones les plus sensibles.
Enfin, nous avons appris quelques règles simples : ne pas toucher les concrétions, ne rien emporter, ne pas quitter les zones balisées, ne pas piétiner les zones concrétionnées qui ont pu mettre des milliers d’années à se former, récupérer tout déchet, progresser délicatement et en silence pour ne pas déranger les habitants du milieu naturel.
Organisation et structure du milieu spéléo
Olivier Stassart a repris la parole pour situer l’ASBL « UBS » parmi ses pouvoirs subsidiants (FWB/ADEPS), ses clubs dont plusieurs collaborent activement avec Plecotus, ses attributions (spéléologie, plongée souterraine, descente de canyon…). L’UBS fournit une assurance qui est beaucoup plus complète que celle de Plecotus, notamment en ce qui concerne l’utilisation des techniques de cordes. Enfin, l’UBS dispose d’une bibliothèque de milliers de livres et autres ouvrages répertoriés, accessibles à ses affiliés.
Un second acteur du milieu spéléologique en Wallonie est l’ASBL Spéléo-J, dont les attributions sont complémentaires à celles de l’UBS pour la jeunesse et la culture. L’UBS et Spéléo-J sont regroupées dans le même bâtiment, à la Maison de la Spéléologie à Namur.
Matériel, progression, prévention et auto-secours
Benoît Lebeau, de la commission Secours (le Spéléo-Secours Belge), nous a rappelé les caractéristiques du milieu (froid, humide, boueux, abrasif, obscur) pour nous parler du matériel du parfait spéléologue comprenant une sous-combinaison, une combinaison, des bottes non toilées, un casque avec éclairage, une lampe de réserve, une paire de gants, des genouillères.
Il nous a également parlé brièvement de progression (le mieux, pour cela est de faire place à la pratique), en insistant sur la nécessité d’une formation adéquate en cas d’utilisation de cordes. Dans tous les cas, il est nécessaire de « progresser avec la tête » : regarder, réfléchir.
La prévention consiste à comprendre le milieu pour se prémunir contre les dangers, par exemple : se renseigner sur la météo, adapter son matériel et ses vêtements, analyser la topographie et en garder une sur soi, demander à une personne extérieure de prévenir les secours si on ne ressort pas dans les temps, prévoir de l’eau en suffisance et bien s’hydrater…
Si, malgré toutes ces précautions, un accident survient, il faut évaluer et réévaluer la situation en permanence, mettre la victime et l’équipe en sécurité, appliquer la règle des 5 R « reposer, réchauffer, réalimenter, réhydrater, réconforter », sortir de la cavité en sécurité et non en précipitation, appeler le secours en ayant le maximum d’informations possible à disposition. Les pompiers (112) ne peuvent rien faire sous terre tandis que le Spéléo-Secours est joignable en permanence au 04/257.66.00. Mémoriser ce numéro dans son GSM est toujours utile !
Chauves-souris en hibernation et dérangement
Ben Van der Wijden nous a exposé le cycle de vie des chauves-souris et expliqué qu’elles hibernent car elles n’ont plus de nourriture. Il nous a ensuite expliqué ce qu’est l’hibernation et dans quelles conditions elle s’effectue. Enfin, il nous a parlé des impacts néfastes qu’a chaque dérangement des chauves-souris en hiver, et nous a donné quelques règles afin de limiter l’impact de nos recensements.
Identification des chauves-souris
Pierrette Nyssen nous a ensuite rappelé que l’identification des chauves-souris en hiver est souvent rendue très compliquée de par l’éloignement possible de la chauve-souris par rapport à l’observateur, les gouttelettes de condensation qui peuvent se former sur elles, l’étroitesse de fissures dans lesquelles certaines espèces aiment se loger, et la mauvaise position de la chauve-souris et/ou de l’observateur.
Se limitant aux espèces présentes en Belgique, et allant progressivement de quizz simples à des quizz plus compliqués, nous avons appris une foule de trucs pour reconnaître les chauves-souris. Un aide-mémoire est téléchargeable sur le site de Plecotus « www.chauve-souris.be ».
Dîner
Vers 13 heures, le repas préparé par le GSC, a été servi : au menu, boulettes à la sauce tomate et pâtes et/ou riz, suivi d’un plateau de fruits en dessert. Après les pauses café du matin, au vu des compliments reçus, l’accueil réservé par ce club spéléo a été très apprécié de tous.
Visite aux grottes de Neptune
Etant donné le nombre de participants à cette formation, une partie a visité les grottes de Neptune (Couvin) tandis que les autres ont été réorientés vers la grotte Sprimont (Floreffe).
Sous la pluie plutôt que sous le porche de la grotte de Neptune pour déranger le moins possible les chauves-souris, nous avons fait un briefing rappelant les règles de progression en sécurité et les règles de visite hivernale en cavité pour les chauves-souris. La visite s’est faite dans la galerie principale et des réseaux annexes dans lesquels il y avait peu de chauves-souris les années précédentes. Nous avons évité les réseaux un peu plus reculés où nous savons qu’il y a souvent des chauves-souris, et avons laissé tout appareil photo dans les voitures. Nous avons tout de même trouvé facilement quelques Myotis mystacinus sl et deux Rhinolophum ferrumequinum en léthargie et peut-être même un Myotis bechsteinii que l’on ne pourrait confirmer car son museau n’était pas visible.
Visite à la grotte Sprimont
A Floreffe, les participants ont également pu se faire un court aperçu de la spéléo, ayant pu tester un peu d'opposition et quelques passages étroits. Ils y ont vu pas mal de chauves-souris, dont 19 Myotis mystacinus sl, 1 Rhinolophun ferrumequinum, 2 Myotis daubentoni et 2 Myotis sp.
Autant à Neptune qu’à Sprimont, les participants ont pu percevoir la complexité de chercher et d'identifier les chauves-souris en milieu souterrain naturel. Après la découverte spéléo, les participants se sont retrouvés autour d’un verre au chalet des grottes de Neptune ou au local du GSESM, dans une ambiance sympa et cordiale.
Remerciements
Je tiens à remercier Pierrette, Olivier, les deux Benoît et Ben, qui sont les orateurs bénévoles qui ont rendu cette formation possible. Je tiens également à remercier les membres du GSC et du GSESM qui ont participé bénévolement à cette organisation pour les visites sous terre, et plus particulièrement encore Mariette et Pascale pour la préparation du repas, Eric, Alain et Myriam à la vaisselle et au rangement de la salle. Enfin, il me faut encore remercier la Ville et l’Office du Tourisme de Couvin qui ont gentiment permis la visite des grottes de Neptune.