L'expé "Atchoumite"

Comptes-rendus du GSC

L'expé "Atchoumite"

En cette première quinzaine de septembre, j’ai participé à l’expé organisée par Alain dans le sud de la France. L’objectif ? Redescendre dans l'Aven des Ténèbres, où nous étions allés il y  un an, pour tenter une première dans une galerie montante à environ -350 mètres et ainsi peut-être découvrir un réseau de galeries et une voie permettant de dépasser le siphon marquant la fin du gouffre à -400.

Mais comme pour tous les voyages, avant de prendre la route, il y a une certaine préparation à avoir. Tant dans l’aspect sport que séjour. Spéléo depuis seulement un an, j’ai vu mes vacances du mois d’août ponctuées par des journées passées à la carrière de Villers-le-Gambon et les dix remontées de grande longueur imposées par Alain. Contrat que j’accomplissais avec difficulté au début et qui se transforma bien vite en jeu. Mais ce n’est pas tout. Il a fallu aussi préparer le matos pour la spéléo, les valises de chacun et la réserve de nourriture pour l’arrivée au gîte. Ainsi passa la journée du mardi 2 septembre, veille du départ, dans le stress du rangement et des préparatifs.

 


On prit la route le lendemain matin après quelques achats de dernière minute, les dernières consignes et les « au revoir » : direction le Vercors et plus précisément le petit hameau de Choranche dans les gorges de la Bourne où je pus voir la cascade de Moulin Marquis et la route des Ecouges. Cette petite halte coupa le voyage en deux et nous permit de passer au magasin Expé de « Pont-en-Royans » où nous attendait une commande de matos nécessaire pour faire la « première ». J’en profitai également pour acheter deux paires de gants qui remplaceraient celle que j’avais usée à force de monter et descendre le long des parois de la carrière. Nous arrivâmes après encore de longues heures de route à « Mouns en Prouvénço » à 15 h et nous fûmes accueillis chaleureusement par la propriétaire et sa petite fille qui tomba sous le charme de notre grand séducteur Scooby, nommé Doudou. 

La maison avait un petit charme avec son calme, sa baie vitrée, son grand jardin et sa piscine à l’eau fraîche et un peu froide aux dires de certains. D’un côté la vue donnait sur le village rustique de Mons en Provence, aux petites rues provençales avec son « château fieux » et à la boulangerie bien caractéristique où : « le pain ce n’est pas avant 9h car avant ce sont les viennoiseries qui sont au four, mais vous pouvez venir à 8h, il suffit de gratter au volet, c’est toujours ouvert » comme nous a dit la boulangère lorsque nous sommes allés chercher de quoi petit déjeuner pour le lendemain.

Vendredi fut une journée de repos en attendant que Philippe et Éric arrivent. Nous nous sommes rendus à Antibes, au Marine land, pour y voir manchots, otaries, tortues et requins, mais aussi des ours polaires, des dauphins et des orques épaulards (et non des Orgues). Un spectacle inoubliable pour moi qui aime les créatures qui peuplent nos océans. Lorsque nous sommes rentrés de cet instant magique, nous avons encore profité de l’eau fraîche de la piscine avant que les deux copains n’arrivent.


Samedi est le premier jour du week-end. Et qui dit week-end, dit repos. Mais pas pour tout le monde car pour nous l’aventure commençait vraiment et nous voilà embarqués dans les voitures à 10h du matin, après un petit déjeuner copieux sur la terrasse (c’est tout de même fabuleux en ce début septembre), sur la route menant à la station de L’Audibergue. Nous laissons sur le parking la voiture de Philippe et montons les pentes raides de la montagne avec la courageuse Toyota d’Alain, serrés et secoués sur la banquette arrière. 

Nous n’allons pas jusqu’au gouffre. Pas moyen. Nous nous arrêtons à quelque 600 mètres de là et nous nous chargeons tous comme des baudets afin de porter tout le matériel sur le lapiaz (Merci Mymy pour ce nouveau mot appris lors du séjour). Tout le monde s’y met courageusement pour porter les kits et Myriam porte même une clé de portage chargé d’un kit. Arrivés à l'entrée du gouffre, nous dînons sur la roche à l’ombre des quelques arbres et pins avant d’enfin nous équiper. Et là, oh malheur ! Alain se rend compte qu’en préparant son matériel au matin, il a pris une paire de ses nouveaux gants. 

Mais pas n’importe lesquels : deux gants gauches (encore et toujours des gauches. A croire que tu perds la droite). Nous sommes en pleine montagne, il est midi, il faut une bonne heure de route pour rentrer. Nous pensons la descente du jour compromise, mais heureusement Philippe possède des gants un peu trop grands pour lui et accepte de donner son gant gauche à Alain en échange de l’un des siens. Et voilà nos deux comparses prêts à descendre, munis d’un gant jaune et d’un gant bleu. Suis-je la seule à peu près normale ? Non… en fait non. Je ne suis pas normale pour m’aventurer ainsi dans les entrailles de la terre.

 


Il est 1 heure lorsque nous nous engouffrons dans la gueule de l'Aven des Ténèbres. Nous avons chacun un kit et c’est Philippe qui équipe sous la surveillance d’Alain. Nous descendons toujours plus bas en nous laissant glisser sur les cordes dans un calme seulement brisé par des « libres », des « ok » et les conseils avisés d’Alain pour Philippe et des deux pour moi. Je prends un peu froid par moment et me promène dans les grandes salles afin de garder les muscles.

Ca ne devrait leur prendre qu’une demi-heure, trois-quarts d’heure. Le temps pour moi de prendre un peu d’avance. C’est un gros test. L’année dernière, à la même profondeur, j’avais été très fatiguée en ressortant du gouffre. J’étais épuisée et cela s’était ressenti aussi chez mes coéquipiers qui avaient dû attendre dans le froid.hauds au possible. Nous pré-équipons ainsi jusque -250 et lorsque je pose le pied au bas du puits de 55 mètres, je sais que je vais devoir remonter directement, seule dans un premier temps, pendant que mes deux équipiers équipent le haut du puits suivant. 


Je bois un coup, mange un snack, enfile ma pédale pantin et commence l’escalade. Remonter le 55 a été étrangement difficile. Mes muscles engourdis font mal et le rythme régulier n’est pas encore bien placé. Mais je mords sur ma chique et continue à grimper, me forçant à compter régulièrement mes mouvements et mes respirations. Je finis même par chanter des petits airs entraînants qui me donnent l’impression que le temps passe plus vite et que l’effort se fait plus facile. Je m’attends à tout moment à voir une lueur en bas du puis où je me trouve, une voix qui m’appelle pour voir où j’en suis.

Lorsqu’Alain commence à remonter le P55, il s’attend à me voir pendue à la corde du puits suivant, mais je n’y suis pas. Il monte le P40, pensant me trouver dans le P80 où le P30 qui communique. Il m’appelle, crie dans le puits et toujours aucune trace de moi. Quand enfin je vois sa lumière apparaître à la sortie du gouffre, je suis assise à l’abri du vent, encore vêtue de ma combi et ma sous-combi, mais j’ai enfilé mon t-shirt en dessous après m’être fait sécher au soleil couchant. Il est 19h20. Cela fait une grosse demi-heure que je suis dehors, heureuse d’avoir remonté les puits avec bien plus de facilité que l’année dernière. Ils disent même que j’ai brûlé les cordes tellement j’ai été vite. Challenge réussi pour moi. Je suis fin prête physiquement et mentalement pour faire le -400.


Nous rentrons au gîte, où Mymy et Éric nous ont préparé un bon petit repas pour nous redonner des forces. Philippe est malade et je suis un peu « toussive ». Mais ça passe. Rien de bien grave. Après une bonne nuit de sommeil, nous divisons l’équipe en deux. Philippe et Éric partent vers Gourdon à la recherche d’essence de lavande et de la denrée rare que sont devenus les entonnoirs à confiture appelés « confituriers ». Tout le monde voit ce que c’est, mais personne n’en vend. Nous, nous partons d’abord vers Saint-Paul de Vence pour faire un peu de tourisme avant de nous diriger vers Nice et son aéroport où nous récupérons Xavier qui était resté bloqué dans son avion pendant de longues minutes à la suite d'une panne de courant. Nous rentrons au gîte juste à temps pour le repas du soir. Mais une discussion nous anime. Descendons-nous lundi pour la première ? Ou mardi ? Philippe est toujours malade et le passage constant du chaud au froid aggrave un peu son état. Moi je me porte mieux, je ne tousse plus. On décide finalement de faire une sortie Via Ferrata le lendemain afin qu’il puisse se remettre un peu pour mardi. Quand je vais me coucher, le matos est prêt pour partir.

Au matin, Myriam et Alain ont l’air fatigué. Scooby, notre mascotte nationale, s’est mis à éternuer de manière anormale et exagérée la veille après son repas du soir et durant la nuit. Alain décide de rester afin de pouvoir aller chez le vétérinaire. Et nous voilà partis Philippe, Xavier, Éric et moi pour « Les Demoiselles de Castagnet ». Nous nous arrêtons brièvement dans le village d’Entrevaux et y faisons un rapide petit tour. Puis nous nous rendons au syndicat d’initiative pour nous inscrire à la Via Ferrata et également louer les poulies jaunes nécessaires pour la tyrolienne. La dame de l’accueil nous refroidit légèrement en nous expliquant comment l’aborder et quelques anecdotes des accidents déjà arrivés. Mais nous ne nous dégonflons pas pour autant et nous nous mettons en marche pour notre ascension. Il fait chaud et nous marchons en plein soleil. Nous buvons régulièrement et avidement au tuyau de nos Camelback (merci à Mymy de m’avoir prêté le sien). Avant d’arriver aux premiers échelons de la paroi nous passons devant une petite maison isolée avec un grand pin : « La maison du mangeur de via ferratiste » nous dit Philippe.


Nous grimpons haut et nous grimpons bien jusqu’au premier passage de vide : un pont himalayen. C’est un peu impressionnant au début, mais la vue était déjà à couper le souffle. S’ensuit à nouveau une montée vers le sommet du deuxième pic de la crête rocheuse, toujours en plein soleil. Alors que je n’y crois plus, je vois enfin une zone ombragée où nous en profitons pour manger un morceau tous ensemble, bien liés par nos longes. La montée à l’ombre fut un petit morceau de bonheur pour nous qui avions chaud. Enfin on ne cuisait plus comme des viandes sur le grill et un petit souffle d’air frais venait nous rafraîchir. Ensuite vint le pont de singe assez « mouvant » qui força Éric à déclarer forfait et à prendre l’échappatoire se trouvant au même niveau. Nous nous retrouvions plus qu’à trois, mais pas pour longtemps car de l’autre côté du pic où nous étions, nous nous retrouvâmes face à la fameuse tyrolienne. Nous prîmes le temps, assis sur le plat rocheux, de boire un coup, d’arranger notre matériel, et de convenir de la technique à utiliser. Xavier descendit en premier, suivi de Philippe qui s’assurait que tout était en ordre avant que nous nous lancions. A l’arrivée, pas de filet, pas de tapis… juste de la roche. Il fallait donc être attentif lors de la fin de la descente pour ne pas se faire mal.

Xavier hésita à se lancer quelques instants avant de partir. Sans prendre réellement d’élan, il se retrouva à l’arrêt au deux-tiers du câble et dû continuer en se tractant par les bras. Entretemps, j’avais rejoins Philippe qui prit le temps de me superviser et de m’expliquer comment descendre. J’avais un nœud dans l’estomac. C’était ma première Via Ferrata en montagne et la deuxième que je faisais (la première étant celle de la carrière). Je respirai un grand coup avant de pousser sur mes jambes pour me lancer dans le vide. Mais comme Xavier, je me retrouvai à l’arrêt sur les câbles et dû terminer ma descente par un tractage avec les bras. Et tout comme Xavier et moi, Philippe, malgré qu’il ait prit plus d’élan, se retrouva également à l’arrêt.

Après ce dernier obstacle, il ne nous restait plus qu’à entamer la descente de la via et le sentier pour rejoindre le parking alors que l’orage commençait à gronder au loin. J’étais bien heureuse de ne plus être fixée au câble lorsque l’orage arriverait, pas comme les inconscients qui entamèrent l’ascension lorsque nous la terminions.


Durant la via, j’avais recommencé à tousser et dans la voiture, les éternuements m’ont pris. « C’est ainsi que j’ai commencé » me dit Philippe en me jetant un œil dans le rétroviseur. Hé bien merci de tout cœur pour cette belle crève que tu m’as refilée en plein milieu des vacances. Je m’en serai grandement bien passée. Du coup, nouveau problème pour l’expé première. Philippe… malade. Moi… malade… on ne sait pas comment s’arranger pour descendre sans que l’un ou l’autre ne prenne froid. Plusieurs propositions fusent, des alternatives se forment. On en discute et rediscute longtemps. Nous préférons tous les deux ne pas faire la première au risque d’aggraver notre état et pour nous économiser pour le dés-équipement. 

Éric nous prit dès lors en charge, concoctant inhalation de thym, soupe et lait chaud au miel… et nous voila tous les deux, le nez au-dessus d’un bol, un essuie sur la tête, à respirer les vapeurs aux propriétés de soin. Je passai une partie de la nuit à tousser et le lendemain, c’est moi qui ai l’air fatiguée. Mais nous nous levons tout de même et partons avec nos deux spéléos du jour pour les aider à porter le matos durant leur marche d’approche. A 11 heures, ils nous font un dernier signe avant de s’engouffrer dans les ténèbres et nous partons en quête de lavande à cueillir sur le flanc de la montagne. Nous redescendons par les piste de ski et nous arrêtons pour boire un verre au café-restaurant « Chez Huguette » (et oui… pour moi « Huguette » fait montagne depuis que j’ai vu un film où une habitante de montagne s’appelait ainsi !). Nous rentrons au gîte pour le repas de midi après être passés par la boulangerie de Mons. Avant de partir, Philippe fait une dernière tentative et demande à la boulangère si elle sait où trouver un confiturier. « Pas ici. Mais à Montauroux vous devriez en trouver. Ou à Fayence. Nous avons des supermarchés E. Leclerc dans la région ». Et Éric trouve encore le moyen de vexer encore plus notre charmante pâtissière du terroir en suggérant à Philippe d’aller plutôt vers Grasse. Suggestion à laquelle elle répond de manière brusque par un « Nous aussi nous sommes civilisés ». Haaaa ! Cette charmante dame au caractère bien trempé nous aura marqué durant tout le séjour. Mais sa boutique en vaut la peine. Son pain est délicieux et ses viennoiseries succulentes.


Philippe a des envies d’omelette provençale et s’improvise cuistot du jour en nous préparant quatre délicieuses omelettes aux herbes, accompagnée du pain de notre chère boulangerie. Nous passons le reste de l’après-midi dans une vaine tentative de découvrir l’objet rare (le confiturier) qui se cache inlassablement. Il ne se laisse pas approcher et à la fin de notre sortie, nous abandonnons l’espoir d’en attraper un et rentrons, le coffre rempli de quelques courses supplémentaires pour recharger les frigos. La préparation de notre petit barbecue à quatre fut assez folklorique. Philippe et Éric ne parviennent pas à allumer notre barbecue au gaz. Ils tournent en rond, testent la bonbonne, cherchent, contournent et retournent l’appareil en tous sens avant de découvrir un bouton faisant démarrer l’engin. Il leur en a fallu du temps, mais nous finissons par avoir notre repas dans la soirée. Et celle-ci se prolonge devant le fameux film « Kick ass » dans l’attente d’un sms de notre équipe souterraine. Une bien étrange chose. Nous restons éveillés tard en discutant, mais finissons par baisser les armes lorsqu’une heure du matin sonne. Je laisse mon téléphone à Myriam étant donné que celui-ci a du réseau et part tenter de dormir.

A 3h44 du matin, Myriam débarque dans ma chambre en me disant qu’Alain a tenté d’appeler et me demande de le rappeler. Je me souviens vaguement d’avoir tenté de dépatouiller le numéro, l’esprit dans le vague, avant de recevoir un sms. Je réussis à lui répondre avec quelque chose de compréhensible. Philippe parvient à joindre Alain. Ils vont bien. Ils ont réussi à remonter 40 mètres dans le puits montant en escalade en artif. Ils sont fatigués tous le deux. Le temps que Xavier sorte, qu’ils rejoignent la voiture et rentre, 7 heures sonne et je ne me réveille même pas avec le bruit qu’ils font. Je me lève qu’à dix heures. La maison est vide, personne n’est debout et je décide d’aller promener un peu avec Scooby qui, lui, est heureux que l’on s’occupe de lui. Lorsque je reviens, je décide d’aller profiter de la piscine tant qu’il fait beau et découvre qu’Éric est réveillé depuis longtemps, occupé à lire au bord de l’eau. La journée passe dans le repos. Personne n’a envie de sortir et l’orage éclate dans l’après midi.


Jeudi, nous redescendons à trois, Alain, Philippe et moi, pour déséquiper, équipés en conséquence pour lutter contre l’atchoumite. Xavier est épuisé et préfère rester au gîte. Nous entrons dans le gouffre à 11h30 et descendons jusqu’à la place de la première. Les salles sont belles et vastes. La cascade et son lac m’émerveillent. Nous rampons dans la glaise et grimpons à une corde gainée de boue. Je dois forcer les bloqueurs à s’agripper à la corde pour ne pas glisser vers le bas et je pose les pieds sur une roche qui n’a vu encore que ceux d’Alain et Xavier. Puis nous commençons la remontée du matériel et des cordes avec une petite heure de retard sur le programme prévu. Une fois arrivée dans une zone qui m’est plus familière, Alain me donne le kit de fond composé des deux cordes de 50 mètres et de mousquetons. Il me donne des consignes, des conseils et vérifie que je sais par où remonter avant de me laisser partir seule sur les cordes pendant qu’eux se chargent de déséquiper les puits suivants et de tirer progressivement les cordes. Je remonte mon kit en grimpant sur les échelles fixes le plus possible pour m’économiser. Je le place sur mon côté droit pour ne pas qu’il me gêne dans mes mouvements, mais sa cordelette frotte sur ma cuisse. Je remonte un puits de 47 mètres, puis un de 4, je traverse un petit méandre où le kit me paraît lourd et pesant. Je monte le puits de 55 mètres où j’avais fais demi-tour à l’équipement. Mes jambes faiblissent, j’ai du mal à trouver mon rythme, mais je remonte apparemment encore vite. Lorsque j’arrive au pied du puits de 40 mètres avant le 80 et le dernier 30, je me décourage et dépose une corde de 50 près de la corde montante. Alain, m’avait dit que si cela n’allait pas, je pouvais leur laisser une corde. Je l’ai portée jusqu’où je pouvais, mais pour ma première remontée avec un kit, je n’en pouvais plus.


 La suite de ma remontée se fait comme lors de l’équipement. Je compte, je chantonne et je me motive à continuer. Lorsque ma tête s’engouffre dans la lucarne d’entrée du puits de trente mètres, je crois entendre la voix de Myriam, mais pense à un tour de mon cerveau voulant retrouver le contact avec d’autres humains. Mais Éric appelle lui aussi et sa voix se porte plus facilement jusqu’à mes oreilles, m’annonçant que je n’ai pas rêvé. Ils sont là, tous les trois, avec de quoi boire, manger et un petit feu de bois où se réchauffer. Je me hisse hors du gouffre avec bonheur, dépose mon kit près d’eux et retire mes baudriers pour être plus à l’aise. Il est vingt heures bien passé. Je bois un coup et souffle au coin du feu en mangeant un morceau de pain. Nous voyons enfin la lampe de Philippe éclairer les noires ténèbres après que 21 h ait sonné. Alain n’est plus très loin. Je me dépêche de me rééquiper afin de redescendre le petit saut de cinq mètres pour aller aider Philippe à enkiter les cordes et à treuiller la grande c200 qu’Alain nous ramène. L’escalade est peut-être finie, mais la spéléo se termine une fois tout le monde sorti et le matériel rangé dans les sacs. Nous mangeons ensuite un morceau tous ensemble devant le feu et Alain découvre la Pissaladière de notre boulangerie préférée (nom qui, lorsque je l’ai entendu le première coup, s’était transformé en « pisse à la bière »… mon incompréhension du moment était totale). La nuit est très bien avancée lorsque nous passons le pas de la porte. Une douche s’impose pour les spéléologues pendant que Myriam nous chauffe avec beaucoup d’amour des raviolis qui me paraissent succulents tellement je suis affamée.Nous ne faisons pas long feu et partons assez rapidement nous coucher après avoir refait une inhalation de thym pour les deux malades.


Je me réveille assez tôt pourtant le lendemain, fais une séance câlin avec le chien qui a débarqué dans ma chambre en m’entendant remuer avant de lire un peu. Je me rendors assez rapidement pour me réveiller peu après. S’ensuit de plusieurs moments de somnolence complète en lisant et regardant un film sur mon ordinateur. J’émerge réellement vers onze heures et rejoins la bande sur la terrasse pour petit déjeuner. En ce vendredi, l’après midi sera consacré à un petit canyon ludique. Mais alors qu’Alain déplace la voiture pour en vider le coffre, il se rend compte que son pneu avant droit est complètement dégonflé… à plat. Ils s’y mettent à quatre pour décoincer la roue de secours bien calée sous la voiture et change le pneu pendant que Myriam et moi allons faire notre dernière descente dans la boulangerie pour nous ravitailler en pain.

Nous embarquons à midi trente direction le canyon  « Clue du Haut Jabron ». Très facile, court et ludique, nous mettons autant de temps à réaliser la marche d’approche qu’à nous vêtir de nos néoprènes qu’à réaliser la promenade dans la canyon. Alain et moi nous mettons à deux pour aider Myriam à régler son baudrier cuissard. Puis, après une petite baignade d’échauffement (ou de rafraîchissement), nous nous mettons en route. Un toboggan, deux toboggans, une zone où sauter, un troisième toboggan et c’est la fin. Pas long, mais les hommes de l’équipe s’amusent à sauter et resauter. Cette petite sortie a le mérite de faire du bien aux muscles après les efforts de la veille et détend un peu tout le monde. Myriam aussi participe, même si, arrivée à la fin, on peut voir son soulagement d’enfin retirer sa combinaison pour retrouver des vêtements secs.

Lorsque nous rentrons, chacun commence à ranger progressivement ses affaires. Alain s’occupe principalement du matériel spéléo et autre. Nous nettoyons la maison, passant balais, torchons et raclette sur le sol afin de rendre le gîte dans un état de propreté. Pour nous, Alain, Myriam, Xavier et moi, le départ se fait à six heures trente du matin afin de déposer Xavier à l’aéroport de Nice à l’heure avant de prendre directement l’autoroute.


A l’heure où j’ai commencé à raconter notre séjour, je suis confortablement installée sur la banquette arrière du 4x4 d’Alain, Scooby en partie affalé sur moi, un cahier et un bic en main. J’occupe mes quelques treize heures de route au récit de notre Expé, ainsi qu’à la lecture et à l’écoute de la musique (sans parler des quelques instants de repos que je me suis grassement octroyé).  Nous rentrons tard dans la soirée et nous n’avons pas le courage de vider le coffre de suite. Ce sera pour demain et je viendrai donner un coup de main  à Alain pour ranger les cordes, les kits, les mousquetons, les combinaisons, … car le séjour spéléo ne se termine pas lorsque nous revenons en Belgique, mais lorsque tout le matériel est remis en ordre et rangé. Cependant, je ne pourrai pas tout faire, car ce dimanche, je refais mes valises pour faire ma grande rentrée à l’internat de la haute école.

Ce fut un séjour fort agréable malgré l’atchoumite aiguë qui nous a frappé violemment. Tout le monde y est passé. Même le chien. Pas de conflit, une ambiance agréable, ainsi qu’une diversité dans la suite des activités et une bonne entente dans l’équipe. Tout le monde a mis la main à la pâte et je tiens à remercier chacun de mes équipiers pour ce super séjour auquel j’ai participé. Merci également à Éric d’avoir réalisé un rôle de photographe reporter à toute épreuve car il nous a accompagnés dans chaque activité à sa manière et nous a grandement aidés.

Il ne faut pas oublier l'aspect sportif et scientifique de cette expé, le GSC a réussi la remontée en artif de ce puits sur une hauteur de 40 mètres. C'est une belle première que notre club a effectué.  Malheureusement, en haut du puits il restait 8 ou 10 mètres d'escalade à faire pour arriver à une lucarne mais l'équipe de pointe n'a pas eu assez de temps et a dû par prudence renoncer pour la sécurité.  Ce n'est rien , nous reviendrons pour une nouvelle aventure...